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Dschang: Deux hommes se suicident en une semaine

Le dénominateur commun de ces deux suicides  serait  des soupçons d’infidélité de leur conjointe.

Homo» est finalement passé de vie à trépas au petit matin du jeudi 10 mars dernier, à son domicile au lieu-dit «derrière école publique de Foto» à Dschang. Deux jours plus tôt, ce taximan, la cinquantaine révolue, bien connu dans la cité climatique sous ce pseudonyme, avait été conduit à l’hôpital de district de Dschang, dans un état comateux, alors qu’il venait d’ingurgiter expressément une importante quantité d’acide hydrique, pour se soustraire la vie. Des proches de ce dernier racontent qu’après plus de dix années de mariage, la confiance, socle d’un couple, avait foutu le camp. Et «Homo» apprend-on, soupçonnait de plus en plus sa conjointe Hélène d’entretenir des relations extraconjugales. Mais faute de preuves palpables, il avait gardé son sang-froid jusqu’au 7 mars dernier. Alors qu’il parcourait la ville dans sa petite voiture jaune, il aurait aperçu son épouse, mère de sept enfants, ressortir d’une auberge bras dessus, bras dessous avec un autre homme. Témoin de cette scène, il précède immédiatement sa femme à la maison. Quand celle-ci revient, elle a une tenue confectionnée à partir du pagne de la journée internationale de la femme. Sans passer par quatre chemins, « Homo » soupçonne ce vêtement d’être un cadeau de l’un de ses rivaux.
La dispute qui va déclencher en rapport avec l’origine de la tenue, sera étouffée par des voisins alertés par des hurlements de la femme. Très tôt le lendemain, Hélène se rend à la place des fêtes, vêtue de son Kabba à l’effet de prendre part avec les autres femmes, au défilé clôturant les activités liée à la 31ème édition de la journée internationale de la femme. Seulement quelques instants après, son mari s’y rend à son tour, non pas pour participer à un quelconque défilé, mais pour se donner la mort publiquement. Lorsqu’il se rend dans un garage se procurer de l’acide hydrique qui l’aidera à assouvir son désir, il se serait confié à un mécanicien. Après l’avoir longuement dissuadé en vain, avec l’aide d’un certain Bertin, moniteur d’une auto-école, ce mécanicien alerte alors les forces du maintien de l’ordre en faction à la place des fêtes. Et lorsque « Homo » arrive, il sera brutalement repoussé. Déterminé à aller jusqu’au bout de son action, il ne rechigne devant rien.
Même les menaces proférées par le commissaire du 3ème arrondissement de Dschang, ne suffiront pas pour l’amener à sursoir son projet «de se suicider devant la femme du préfet». Alors qu’on le croyait revenu à la raison après avoir reçu une sacrée bastonnade, il s’était plutôt retiré dans les encablures de la place des fêtes, dans un débit de boissons où il a acheté deux sachets de spiritueux qu’il a versés dans un verre. Ensuite, il y a ajouté son produit nocif. Après avoir avalé le mélange, il a pris la direction de la place des fêtes en espérant, nous renseigne-t-on, de s’y écrouler. A peine les effets de l’addition qu’il a bue, ont-ils commencé qu’il est à nouveau rattrapé par les forces de l’ordre. Puis, il sera conduit d’urgence à l’hôpital de district de Dschang. La cure de désintoxication qui lui sera administrée permettra plutôt de ralentir l’action de l’acide et non de mettre ce mari jaloux hors de danger.
D’après nos sources, « Homo » a rejoint son domicile le mercredi 9 mars 2016. Mais dans la nuit du 10 mars, son état de santé va soudainement basculer et il rendra l’âme autour de 2h30 min. Gardé à la morgue de l’hôpital de district de Dschang, il a été inhumé le samedi 12 mars 2016, en l’absence de plusieurs membres de sa famille n’ayant pas souhaité « prendre part à ce genre de deuil ».
Destin commun
Il s’appelait Valery Bertin KENZI, jeune moto taximan dans la ville de Dschang. En effet, c’est au petit matin du lundi 7mars dernier, que cet homme de 35 ans, a été retrouvé suspendu au bout d’une corde dans son domicile dans un quartier très fréquenté, à un jet de pierre du lieu-dit « Escalier 90 ».En mourant, ce dernier a laissé une lettre, dans laquelle, il explique qu’il soupçonne sa femme de le tromper avec un autre homme, c’est la raison principale qui l’a conduit à se donner la mort pour ne plus jamais y penser. Ces deux autres suicides viennent remettre sur la sellette la problématique de la montée en puissance du suicide au Cameroun. Ainsi doit-on se donner la mort quel que soit les raisons ? Nous disons non !

Lauri Ngakam