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Junior Eyango: “Il y ’a un manque criard d’organisation dans le secteur musical”

Ce jeune artiste camerounais, a reçu l’équipe du magazine  Coulisses chez lui au quartier Kotto, dans la ville de Douala, pour une entrevue essentiellement centré sur sa carrière musicale.
Comment pouvons-nous vous appeler ?
Je me nomme Junior EYANGO. De  mon prénom Junior et de mon nom de famille EYANGO.
Est-ce que ce nom est celui de naissance ou tout simplement un nom d’artiste ?
C’est un nom d’artiste. L’origine de ce nom vient tout d’abord du fait que je suis le neveu de  Prince NDEDI  EYANGO.EYANGO signifie quelque chose qui brule. Mon grand-père était un écrivain de musique et la mère chantait dans un groupe de chorale. J’ai été élevé par le Prince des montagnes, avec qui je faisais des  multiples concerts. Car il m’avait trouvé comme un jeune ayant déjà le don de la musique et un talent sans précèdent après la sortie de mon premier album.
Depuis combien de temps faites-vous de la musique ?
Je fais de la musique depuis ma tendre  enfance,  plus précisément en classe de 5ème au collège Levent à Bonabéri à Douala. Mes premiers  pas dans le monde artistique, c’était en tant que danseur, interprète dans les concerts scolaires et aussi certains cabarets. A cette époque je faisais aussi dans le style de musique Rap, car influencé dans ce contexte par  la montée en puissance de ce genre musical au Cameroun en particulier et dans le monde en général.  Je roulais ma bosse  dans  des cabarets surtout pour me distraire. Car  je ne  me voyais pas vraiment faire  une carrière musicale. Puisque, mon oncle voulait que je fréquente. Mais voyant mon intérêt et l’engagement pour la chose, il décida de me copter. A partir  de cet instant je fus encadré par lui, jusqu’à la sortie de mon premier album de 8 titres en janvier 2005 qui a été produit par la maison Preya Music. Ce fut une période difficile, parce que nous sommes dans un contexte de piraterie des œuvres de l’esprit, et les promoteurs ne veulent pas faire un investissement sur un artiste tout en sachant qu’ils ne vont pas faire des bénéfices. J’ai 3 albums sur le marché et un single.
Quel regard faites –vous sur la musique camerounaise aujourd’hui ?
Elle se porte  d’une part pas du tout bien, car il y’a un manque criard d’organisation de le domaine musical. Certains  producteurs ne veulent plus faire des investissements sur des artistes à cause du phénomène de piraterie qui ronge le milieu artistique. C’est la raison pour laquelle, l’on voit que ce sont quelques artistes qui fonctionnent avec les producteurs. Certains sont presque orphelins et abandonnés à eux –mêmes et  sombrent dans la mendicité et la débrouillardise. Or à travers la production, il est possible de ventre un artiste qui est un produit qui pourrait apporter des  grands moyens financiers à ceux qui investiront sur ces derniers. D’autre part, la musique camerounaise se porte aussi bien, car certains artistes font les efforts pour promouvoir la culture camerounaise et africaine.
Quels sont  vos rapports avec les autres artistes camerounais ?
J’ai des très bons rapports avec les autres artistes  frères  du Cameroun, puisque j’ai ce caractère d’humilité et de plus  je reconnais le mérite des uns et des autres. Je ne me prends pas la tête. Mais ce qui me désole, c’est le fait que au sein de notre corporation il y’a pas beaucoup d’harmonie. Surtout avec le feuilleton des droits d’auteurs qui a contribué à semer la discorde constante entre plusieurs artistes. Les clans se sont formés, chose qui de mon avis n’est pas bien, parce que, nous sommes censés lutter pour la même cause. C’est certainement ce climat de mauvaise entente qui ne favoriserait pas  la multiplicité des duos entre les artistes, davantage  en ce qui concerne le Mokossa.
Quel(s) commentaire(s) faites-vous de la montée en puissance de la jeune génération des artistes camerounais ?
Je suis content de voir les jeunes audacieux qui osent se lancer dans la musique. Ils sont dans des divers registres musicaux. Nonobstant les difficultés, ces derniers font les efforts de travailler pour pouvoir sortir des belles chansons. On peut toujours noter des brebis galeuses qui se livrent à faire dans la tricherie et le plagiat. Sans toutefois mettre du leurs. Alors qu’un artiste doit penser à innover, à avoir une idée originale et une touche particulière.
Que pensez-vous du Droit d’auteur au Cameroun ?
C’est triste de voir que certaines personnes qui prennent le Droit d’auteur comme un métier. Car on constate que ceux qui sont en charge de la gestion de ce Droit sont dans les différentes mafias. Dans cette logique, les artistes se réduisent à la mendicité et  se regardent parfois en  adversaires. Alors que je voyais plus comment à travers le Droit d’auteur les artistes devraient être plus que jamais solidaires pour réfléchir sur leur condition.
Comment se porte la musique camerounaise au Cameroun ?
Je dirais bien d’une part  parce beaucoup des jeunes artistes sortent du lot, nous avons du potentiel chez nous au Cameroun qu’il suffît juste de valoriser et d’autre part mal à cause de la mauvaise organisation du secteur par les artistes et de ceux qui sont à la tête de la gestion de ce milieu et du problème du Droit d’auteur.

Entretien réalisé par Fulbert FOFACK